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Quelques interrogations sur la stratégie de lutte contre la corruption au Cameroun au regard des images et vidéos prises à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui le 31 mars 2018.

Il est urgent de mettre en application les dix (10) propositions que j’ai faites pour anéantir notre hydre nationale, la corruption.

Nous avions assisté hier, via des images et vidéos prises à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui et postées dans les réseaux sociaux, a une célébration eucharistique présidée par l’archevêque de Yaoundé, Mgr Jean Mbarga. Plusieurs anciens dignitaires du régime du Président Biya ont assisté à ce moment de prière : l’ancien DG de la CRTV Gervais Mendo Ze, l’ancien DG de la SCDP Nguini Effa, l’ancien ministre Basile Atangana Kouna, M. Jean William Sollo, ou l’ancien Recteur de l’Université de Douala, Bruno Bekolo Ebe, etc.

Ils avaient tous une mine décontractée, pour la plupart en costume-cravate, malgré la chaleur ambiante. L’un des faits marquants a été l’interview à la fin de la messe du détenu Nguini Effa. Ce dernier a affirmé ce qui suit :  “J’ai été condamné à 30 ans de prison le 12 octobre 2012; le 20 juin 2017, la cour suprême a déclaré que cette condamnation était complètement annulée et cassée. Il s’agit bien d’une résurrection

Cette interview et les déclarations du prisonnier Nguini Effa suscitent quatre questions importantes :

  1. Que fait encore Jean-Baptiste Nguini Effa en prison si sa condamnation a été annulée ? 
  2. Est-ce qu’un détenu peut-il s’exprimer en dehors du parloir sans le contrôle des gardiens dans une prison Camerounaise ?
  3. Est-il moralement et déontologiquement acceptable que de telles interviews de prisonniers suspectés d’actes répréhensibles par les lois de la République soient diffusées par les télévisions nationales ?
  4. Que vaut la stratégie gouvernementale de lutte contre la corruption dans notre pays ?

Depuis longtemps, la stratégie nationale de lutte contre la corruption est critiquée par les Camerounais qui estiment, entre autres, que les instruments administratifs, les juridictions de droit commun et les juridictions d’exception comme le TCS sont des instruments d’intimidation collective, dont le but est de dissuader les opposants politiques au régime en place. Face aux proportions inquiétantes du phénomène de la corruption et de détournement de la fortune publique au Cameroun, des évènements comme ceux d’hier renforcent cette perception.

En matière de lutte contre la corruption, la crédibilité est la clef de voûte de l’architecture dissuasive et de création d’une conscience nationale de rejet de la corruption. Que perdra vraiment un fonctionnaire véreux, si les prisons du pays deviennent de véritables salles de cirques ? 

L’un des éléments principaux d’une stratégie anticorruption est précisément de dévoiler les mécanismes et de démasquer les acteurs, donc de soulever le voile sur ces pratiques pour les exposer au jugement public et aux sanctions prévues par les lois de la République.

Une stratégie anticorruption doit constituer un guide d’action autant pour les acteurs concernés que pour la population en général. La finalité d’une stratégie anticorruption doit être de modifier les comportements et les attitudes de façon à créer un climat collectif hostile à la corruption.

Ce qui se passe dans notre pays, a travers les scènes comme celles d’hier, est a la limite de l’indécence, au mieux du cinéma. Cela ne créera jamais cette « conscience de la corruption » vivement souhaitée.

Il est urgent de mettre en application les dix (10) propositions que j’ai faites pour anéantir notre hydre nationale, la corruption.

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