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L’Appel du Pape à la paix et la création des Elders Camerounais !

«Je m’unis à la douleur des familles des jeunes étudiants barbarement tués samedi dernier à Kumba, au Cameroun» : a-t-il dit en parlant de cet «acte si cruel et insensé, qui a arraché des enfants innocents à la vie alors qu’ils suivaient les leçons à l’école». Le Saint-Père n’a pas hésité à confier qu’il se trouvait «totalement» déconcerté par ce crime.


Je vais commencer la troisième partie de cette série de réflexions sur les crises que traverse notre pays en reprenant l’Appel du Pape à la paix au Cameroun. En effet, à l’issue de l’audience générale du 28 octobre 2020, le Pape François a exprimé sa douleur pour la mort des élèves de 9 à 12 ans, tués dans leur école à Kumba le samedi 24 octobre 2020. Il a appelé à faire taire les armes dans cette région marquée par un conflit depuis 2016.

«Je m’unis à la douleur des familles des jeunes étudiants barbarement tués samedi dernier à Kumba, au Cameroun» : a-t-il dit en parlant de cet «acte si cruel et insensé, qui a arraché des enfants innocents à la vie alors qu’ils suivaient les leçons à l’école». Le Saint-Père n’a pas hésité à confier qu’il se trouvait «totalement» déconcerté par ce crime.

«Que Dieu illumine les cœurs, pour que des gestes semblables ne soient plus jamais répétés et pour que les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest martyrisées du Cameroun puissent finalement retrouver la paix! Je souhaite que les armes se taisent et que puissent être garanties la sécurité de tous et le droit de chaque jeune à l’éducation et à l’avenir» a-t-il lancé avant d’exprimer son affection aux familles, à la ville de Kumba et à tout le Cameroun.

Les Camerounais que nous sommes doivent méditer sur cet Appel du Saint-Père et proposer des solutions pour que « les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest martyrisées du Cameroun puissent finalement retrouver la paix! »

Comment ?

L’Union africaine (UA) pilote l’élaboration des politiques et la mise en œuvre des décisions visant à faire en sorte que l’Afrique réalise l’Aspiration 4 de l’Agenda 2063 qui aspire à « Une Afrique vivant dans la paix et dans la sécurité » en recourant à des mécanismes favorisant une approche centrée sur le dialogue pour la prévention et la résolution des conflits et l’instauration d’une culture de paix et de tolérance entretenue chez les enfants et les jeunes d’Afrique par l’éducation pour la paix. L’initiative phare de l’Agenda 2063, à savoir « Faire taire les armes d’ici 2020 », est au cœur des activités devant être mises en place pour faire de l’Afrique un continent plus pacifique et stable.

Il faut se rendre à l’évidence que la mise en œuvre de l’Aspiration 4 de l’Agenda 2063 ne peut être assurée uniquement par les institutions régionales. Il faut un relais dans chaque pays conformément à nos devises nationales et à notre culture ancestrale de l’arbre à palabres, ce lieu traditionnel de rassemblement, à l’ombre duquel on s’exprime sur la vie en société, les problèmes du village, et l’éducation pour la paix.

Revenons sur la devise nationale au Cameroun. Les thuriféraires de la guerre au NOSO ont sûrement oublié, ce qu’ils ont appris sans être massacrés à 9 ou 12 ans comme les gamins le week-end dernier, dès la Maternelle ou le Cours d’Initiation, les trois couleurs Vert-Rouge-Jaune, frappées au centre d’une étoile, vestige réduit à l’unité du fédéralisme duopole d’antan. Plus encore, ils ne savent même plus répéter les trois mots Paix-Travail-Patrie de notre devise nationale.

Pourtant, les graves crises que traversent le pays et les menaces spécifiques qui pèsent sur notre pays poussent toutes à réfléchir en urgence sur les conditions minimales du solide établissement des institutions publiques et privées capables d’y satisfaire les besoins fondamentaux de l’homme contemporain en sa double qualité d’individu et de citoyen. La paix apparaît d’emblée dans notre devise Paix-Travail-Patrie comme le préalable à sa viabilité comme un Etat-nation digne de ce nom. C’est puissamment convaincus que cette vertu était l’unique donnée susceptible de rendre toute vie d’y être humainement vécue que nos premiers constituants ont sans doute émis ce vote historique d’une particulière pertinence en lui attribuant la première place dans notre triptyque sacré.

Il est à souhaiter que le débat national camerounais se déroule en privilégiant les thèmes de paix, de travail et de patrie dans les divers argumentaires de tous les compartiments de notre vie nationale. Les intellectuels devraient être les premiers à tirer les conséquences de l’existence de ce trésor et en faire les bases de leur réflexion dans leur légitime prétention à être les instituteurs de la nation, car ce sont eux les vrais maîtres de l’éducation nationale prise dans le sens le plus élevé de cette expression et non dans son acception administrative pour désigner un service public.

Quant aux milieux politiques, ils ont presque autant tardé à s’inspirer à l’occasion ou intentionnellement du thème de la paix, même si, curieusement, depuis le début de la crise, on note chez nous de timides et fréquentes références à son endroit ; la paix étant un comportement comme le disait l’ancien Président ivoirien Félix Houphouët-Boigny.

Cependant l’observateur le mieux disposé reste encore perplexe devant les soudaines embardées martiales de certains acteurs politiques sur un terrain qu’ils ne nous ont pas habitués à revendiquer comme parrainage naturel de leur conduite politique. Nous ne savons donc s’il s’agit là d’une attitude de simple opportunité dictée par la conjoncture. Peut-être devrions-nous y percevoir malheureusement les premiers signes d’une prise de conscience effective de la gravité de la situation au NOSO et sur la nécessité absolue de rapporter nos principaux actes civils, politiques, économiques et sociaux à l’impératif catégorique et primordial de paix à l’intérieur et à l’extérieur de la patrie pour mieux assurer notre épanouissement individuel et collectif à la sueur de notre front ?

En dehors des gangs de criminels qui profitent généralement des conflits pour semer le chaos, les protagonistes de la guerre au NOSO sont connus car réagissent ouvertement après chaque massacre, sans pour autant malheureusement proposer une solution de sortie de crise. Ils finiront un jour sur la table de dialogue, car c’est bien ainsi que se clôturent ces macabres odyssées. En attendant, il faut limiter la saignée mortuaire par la création des Elders Camerounais.

Pour la création des Elders Camerounais

Il faut très rapidement constituer un groupe des Elders Camerounais pour ramener la paix dans les régions du NOSO. Ces Elders doivent représenter toutes les régions du Cameroun. C’est un groupe indépendant de patriarches Camerounais travaillant ensemble pour la paix, la justice et les droits de l’homme dans notre pays. Cette proposition est renforcée par l’image de la représentée par la dame qui a défié publiquement l’autorité du MINATD, Monsieur Atanga Nji montrant ainsi que la stratégie gouvernementale de gestion de ce problème doit être revue, car ayant montré les limites à ce niveau de l’évolution du conflit.

Notre pays doit avoir un groupe d’aînés vers qui se tourner pour obtenir des conseils ou pour aider à résoudre des différends quand toutes les voies et solutions sont épuisées. La vision des Elders Camerounais doit être celle d’un pays où les populations vivent en paix, conscients de leur humanité commune et de leurs responsabilités partagées les uns pour les autres et pour les générations futures. Travaillant à la fois publiquement et par le biais de la diplomatie souterraine, leur mission est de collaborer avec les dirigeants politiques et la société civile à tous les niveaux pour résoudre les conflits et s’attaquer à ses causes profondes y compris l’injustice et la corruption et pour promouvoir un leadership éthique et une bonne gouvernance.

On m’objectera que je choisis une démarche à la limite de l’invraisemblable pour les deux raisons suivantes. Primo, la majorité des personnalités qui détiennent une parcelle de pouvoir dans notre pays sont les hommes et les femmes du troisième âge, cumulativement à leurs fonctions dans les chefferies traditionnelles dans leur communauté villageoise respective. Secundo, ce que je propose est probablement la solution mais c’est une tâche difficile. Il sera aussi difficile de trouver ces perles rares dans un pays gangrené par la corruption. A notre époque, nous avions le respect des aînés, aujourd’hui disparu et en partie par la faute de ces mêmes aînés ; la jeunesse étant désœuvrée et presque sans avenir, la gloutonnerie et les pratiques déviantes de toutes sortes ayant passé par là.

Le choix des Elders Camerounais doit se baser sur les cinq critères suivants : 1) ne plus occuper une fonction publique; 2) être indépendant du gouvernement de Yaoundé ou de tout autre intérêt politique acquis ; 3) avoir gagné la confiance communautaire et nationale ; 4) faire preuve d’intégrité ; et enfin 5) bâtir une réputation de leadership inclusif et progressiste.

Je reste convaincu, malgré les limites de cette proposition, qu’il reste dans ce pays les femmes et les hommes de valeurs non marqués qui peuvent constituer ce Comité. Nous devons les identifier et leur donner les moyens de nous sortir de cette impasse, comme le souhaite le Souverain Pontife !

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