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All Quiet on the Cameroonian Front?

Depuis l’embrasement des provinces du Sud-Ouest et du Nord-Ouest en 2017, on estime que les combats ont fait plus de 3 000 morts et jeté 700 000 personnes sur les routes et la brousse. Les violences se multiplient et la situation humanitaire se dégrade. Dans les villages camerounais frontaliers du Nigeria comme Gakara ou le canton de Tourou, les incursions de Boko Haram se multiplient. Pas un jour sans que le décompte des morts ne s’allonge.

Je reprends ici le titre d’un article publié le 03 mars 2004 dans Project Syndicate par mon ami et frère Burundais, Dr. Janvier D. Nkurunziza. Janvier dénonçait a l’époque le silence de tous devant les massacres horribles et innommables dans son beau pays. J’ai lu et relu cet article et je priais de ne plus jamais vivre ces images sur le sol Africain.

Quelques années après, en poste au Nigeria, j’ai vu l’évolution d’une crise qui a commencé à l’Etat de Yobe pour se transformer en un monstre terroriste, Boko Haram, qui traversa aisément la frontière poreuse entre le Nigeria et le Cameroun, créant ainsi pleurs et désolations… ceci jusqu’au jour d’aujourd’hui. Boko Haram est à l’origine de nombreux massacres, attentats et enlèvements à l’encontre de populations civiles de toute confession, au Nigeria mais aussi au Cameroun, au Niger et au Tchad. Il est responsable de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et est classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies le 22 mai 2014.

Pendant le même temps, le Nigeria a connu de nombreuses crises partout dans le pays dont les plus marquants étaient concentrées au Sud du pays, dans l’Etat du Delta, avec des sabotages d’installations pétrolières de multinationales étrangères revendiquées régulièrement par les Vengeurs du delta du Niger (NDA). Selon les chiffres du gouvernement, les crimes liés au pétrole ont entraîné une perte moyenne annuelle de près de 2,8 milliards de dollars de recettes.

Je ne crois plus à la force des indignations, orales ou écrites. Ça marche sans doute ailleurs, mais l’expérience montre que ça ne marche pas toujours, surtout chez nous. Même la diplomatie souterraine n’arrive pas souvent à résoudre ce genre de crises. Je l’avais dit par écrit (depuis le 24 janvier 2017 !) et par voie orale, en appelant tous ceux qui, croyais-je, pouvaient nous aider à trouver des solutions a cette crise. Je souhaitais à tout prix que le pays trouvera la sagesse nécessaire pour éviter cette sale guerre dans le NOSO.

Le Grand dialogue national organisé à Yaoundé était censé apporter les solutions à cette crise, y compris toutes les mesures gouvernementales annoncées. Comment se fait-il que nous montrons, tous les jours, un visage aussi odieux?

On croyait avoir touché le fond avec le massacre de Ngarbuh à Ntumbaw le 14 février 2020 où 23 civils morts calcinés, dont des femmes enceintes et des enfants.

Depuis l’embrasement des provinces du Sud-Ouest et du Nord-Ouest en 2017, on estime que les combats ont fait plus de 3 000 morts et jeté 700 000 personnes sur les routes et la brousse. Les violences se multiplient et la situation humanitaire se dégrade. Dans les villages camerounais frontaliers du Nigeria comme Gakara ou le canton de Tourou, les incursions de Boko Haram se multiplient. Pas un jour sans que le décompte des morts ne s’allonge. 

Comment comprendre les massacres de Kumba de ce matin ?

On nous annonce qu’au moins six enfants – un garçon et cinq filles – ont été tués et treize autres ont été gravement blessés dans l’attaque d’une école dans le Sud-Ouest anglophone du Cameroun. Un groupe armé encore non identifié s’est introduit dans l’école « Mother Francisca bilingual academy », dans la ville de Kumba et a ouvert le feu sur les élèves !

Voici ce que je voulais nous éviter depuis 2017, en vain ! Ces morts de trop ! Les enfants, nos enfants !

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